SAINT GERMAIN d'AUXERRE
(378 - 31 juillet 448)
Tropaire Aide
SAINT
ÉVÊQUE GERMAIN, NOTRE PROTECTEUR,
HONNEUR ET CONSOLATION DE L’ÉGLISE
DE GAULE.
TU AS QUITTÉ LA GLOIRE
ET LES RICHESSES
POUR SUIVRE AVEC HUMILITÉ LE CHRIST
NOTRE DIEU.
TU AS COMBATTU LES HÉRÉSIES
ET FAIT TRIOMPHER LA VRAIE FOI.
Ô PÈRE DES AUXERROIS,
REFUGE DES MALHEUREUX,
PRIE LE CHRIST DE NOUS AFFERMIR DANS
SA MISÉRICORDE.
Celui qui allait devenir Saint Germain l’Auxerrois est né vers
l’an 378 à Auxerre. Il est donc contemporain de Saint Augustin
et de Saint Jean Chrysostome. C'est l’ époque trouble des grandes
invasions et du début de l’effondrement de l’Empire Romain. Dans
l’Église, les hérésies foisonnent. C'est une période
du christianisme où, après le martyr et l’ascèse,
c'est une vie exemplaire et entièrement vouée à la
pratique des vertus chrétiennes qui tend peu à peu à
s’imposer comme idéal de vie. Les Évêques vont jouer
un rôle de première importance en tant qu’exemples vivants.
Parmi eux, Saint Germain d’Auxerre n’était pas seulement le chef
dune communauté chrétienne mais encore témoin du
Christ, modèle de vertu, homme d’action en lutte contre les hérésies
et en contact permanent avec les pouvoirs politiques.
Le jeune aristocrate,
le fonctionnaire, l’Evêque
De la vie civile
de Saint Germain, nous ne savons presque rien, sinon quille est né
dune famille fortunée de l’Auxerrois possédant des terres
à Appoigny; Quille a étudié dans les écoles
Gauloises (Auxerre ou Autun ?), puis à Rome; Quille devient brillant
avocat; Quille épouse Eustachie, « une personne de condition
élevée, remarquable par ses richesses et ses m÷urs
» nous dit Constance de Lyon, premier biographe de Saint Germain;
Que ses talents le font bientôt choisir par l’Etat pour «
une haute charge gouvernementale et administrative » et quille
visite en personne les territoires dont il a la charge; Enfin, quille
fut élu évêque contre sa volonté à
la mort de Saint Amasser, Évêque d’Auxerre, en 418. Saint
Germain avait alors environ quarante ans.
Ses relations
avec Saint Amasser n’avaient pas toujours été bonnes,
loin de là. Au temps où il était riche et puissant,
Germain n’aimait pas qu’on s’opposât à sa volonté.
L’abbé Lebeuf, historien d’Auxerre, relate :
« Saint Amâtre, Évêque d’Auxerre, fit couper
un très beau et grand poirier au milieu de la ville d’Auxerre,
sur lequel Germain avait l’habitude d’accrocher les nombreuses têtes
des bêtes qu’il avait prises à la chasse afin de s’attirer
l’admiration des citoyens. Germain l’ayant menacé de mort, Saint
Amâtre se retira à Autun vers le préfet Agricole
». Heureusement les choses s’arrangent...
Saint Germain exerçait
sans doute une autorité ferme. La suite des événements
montre qu’il a su être tout aussi rigoureux à son propre
égard. Mais il ne devait manquer ni de bonté, ni de justice.
Car à la mort de Saint Amâtre, « tout le clergé
et la noblesse, le peuple de la ville et de la campagne se réunirent
à le demander pour successeur de Saint Amâtre. On lui déclara
une espèce de guerre avec tout le respect néanmoins qu’on
devait à un homme de son rang ». Germain résiste
comme il peut, c’est à dire de toutes ses forces. Mais il finit
par se soumettre à une volonté aussi impérative
qu’unanime.
Et lorsqu’il obéit,
il ne fait pas les choses à moitié : son épouse
devient comme une soeur, il distribue sa fortune aux pauvres. Il est
évêque mais vit comme un moine. Il ne prendra plus jamais
ni pain de froment, ni vin, ni vinaigre, ni huile, ni légumes,
ni sel. Il se nourrit de pain d’orge dont il a battu et moulu lui même
les grains. Il dort sur un grabat de cendres. Sa maison est ouverte
à tous et il lave lui-même les mains et les pieds de chacun.
C’est ainsi qu’il « mena une vie de solitude au milieu des hommes
et vécut comme un ermite dans la fréquentation du monde
».
Il fonde un monastère
en face d’Auxerre, sur la rive droite de l’Yonne, où Saint Patrick
prédicateur et premier Évêque d’Irlande séjourna
de longues années.
Puis viennent les miracles.
Saint Germain retrouve le voleur qui s’était emparé de
l’argent du fisc perdu en route par l’agent chargé de le rapporter
au gouverneur. Il délivre la ville d’Auxerre d’une épidémie
de diphtérie. Il guérit des possédés. Lors
d’un voyage en hiver, Saint Germain veut faire une étape dans
une maison abandonnée, à demi-ruinée, que l’on
dit hantée. Lorsque effectivement apparaît un fantôme
au milieu de la nuit, Saint Germain évoque le nom du Christ et
enjoint le fantôme de dire qui il est et ce qu’il fait là.
D’effrayant, le fantôme devient suppliant : lui et son compagnon
étaient des criminels, ils sont morts sans sépultures,
errent sans repos et tourmentent les vivants. Il indique à Saint
Germain où l’on avait jeté leurs corps. Dès le
jour venu, Saint Germain rassemble les habitants des environs, les exhorte
à déblayer l’endroit et les cadavres sont découverts.
Saint Germain leur rend la paix en donnant une sépulture chrétienne
à leurs ossements.
Pendant le même
voyage, Saint Germain guérit avec du blé bénit
les volailles qui étaient devenues muettes depuis des années
et ne chantaient plus au lever du jour. « Ainsi la puissance divine
manifestait sa grandeur même dans les plus petites choses »
nous dit Constance de Lyon.
Premier voyage de Saint
Germain en Grande-Bretagne.
Des nouvelles
alarmantes parviennent aux évêques des Gaules en provenance
de Grande -Bretagne : l’erreur pélagienne avait gagné
les populations de ces contrées. Un concile fut réuni,
qui décida d’envoyer ensemble Saint Germain d’Auxerre et Saint
Loup de Troyes pour combattre cette hérésie et rétablir
la foi orthodoxe.
Ils prirent la mer en
429. « Peu après accourt sur la mer, à leur rencontre,
la foule des démons... » afin d’empêcher les deux
saints d’arriver. L’épaisseur des ténèbres, la
fureur du vent et le mugissement des vagues sont terribles. Saint Germain,
réveillé par ses compagnons, invoque le Christ et invective
l’océan, prend de l’huile bénite pour une aspersion au
nom de la Sainte Trinité. La prière dite d’une seule
voix par tous appelle la présence divine qui apaise bientôt
les flots.
A leur arrivée
une foule les attend. Prédication et miracles remplissent l’Ile
de Bretagne. Leur réputation les précède. Ils convainquent.
Une controverse publique est organisée avec les pélagiens,
suivie avec passion par une foule innombrable où se comptent
« même des femmes et des enfants »... Christ contre
Pélage ! Les évêques opposent un langage vigoureux
et inspiré aux « paroles creuses » des pélagiens.
La foule manque d’en venir aux mains. La guérison d’une fillette
aveugle finit par convaincre et « la foule entre en transes ».
Pendant ce même
séjour en Grande-Bretagne, Saint Germain se casse le pied et
est contraint de s’allonger. Eclate un incendie dans le quartier où
il est immobilisé, qu’on n’arrive pas à éteindre.
Saint Germain renvoie les gens venus l’évacuer de la maison menacée.
Et l’incendie épargne la maison, consumant toutes les autres
autour.
Ces événements
se mêlent aux invasions barbares de la même période
: alors que Saint Germain et Saint Loup se trouvent en Grande-Bretagne,
les Saxons et les Pictes commencent une guerre contre les Bretons qui
implorent l’aide des deux évêques. Ce sont alors prédications
quotidiennes au sein de l’armée Bretonne et de nombreux
baptêmes de soldats.
Pour la liturgie Pascale
on « installe une église faite de branchages entrelacés
». L’ennemi informé de cette activité peu habituelle
pour une armée en guerre, croit à l’aubaine et veut en
profiter pour attaquer. Saint Germain s’improvise alors chef de guerre
et organise la défense : placée à un endroit stratégique,
toute l’armée va hurler un « Alléluia » trois
fois répété, répercuté par l’écho
des montagnes. L’ennemi saisi de panique est mis en déroute
sans effusion de sang, par la seule force de la foi.
A son retour de Grande
Bretagne, la cité d’Auxerre attend Saint Germain avec impatience.
Un impôt extraordinaire accable ses habitants. Aussitôt
rentré, il repart plaider la cause des Auxerrois auprès
du préfet des Gaules, à Arles.
Il voyage à cheval,
avec une escorte modeste. Une nuit il se fait voler son cheval. Le lendemain
le voleur penaud ramène le cheval car, dit-il, pendant toute
la nuit il s’était senti comme pris dans un filet. Il reçoit
non seulement le pardon, mais on lui fait encore don de ce dont il a
besoin, ainsi que d’une bénédiction.
Partout où il passe,
la foule vient à la rencontre de Saint Germain, pour lui rendre
hommage, demander sa bénédiction, le toucher, l’écouter,
le regarder. Il guérit, il enseigne. A Alésia où
il passe la nuit chez un prêtre ami, la femme de celui-ci glisse
de la paille dans le lit de Saint Germain à son insu, qu’elle
conserve ensuite pieusement.
Quelques jours plus tard
un homme devient possédé d’un démon. Tous déplorent
l’absence de Saint Germain qui avait continué sa route. La femme
du prêtre se souvient alors de la puissance de la foi. On entoure
le possédé avec la paille sur laquelle Saint Germain a
dormi et le malade guérit définitivement.
Le préfet des Gaules
accueille Saint Germain avec tous les honneurs, venant loin au-devant
de lui. Saint Germain guérit la femme du préfet. Son voyage
est couronné de succès : il obtient un allégement
des impôts pour Auxerre et partout où il passe, il apporte
la joie.
Deuxième voyage de
Saint Germain en Grande - Bretagne
Une quinzaine
d’années après son premier voyage, l’erreur pélagienne
se propage de nouveau en Grande-Bretagne. On demande à Saint
Germain d’y retourner, accompagné cette fois par Saint Sévère
(probablement évêque de Vence, en Provence). Elafus, personnage
important en Grande Bretagne, vient avec son fils infirme à la
rencontre des saints hommes. Saint Germain, là encore, guérit
la jambe malade de l’adolescent. L’hérésie, elle, n’est
le fait que d’un petit nombre et les fautifs sont exilés sur
le continent.
Voyage à Ravenne
A peine rentré
de Grande Bretagne en 447, une délégation attend Saint
Germain à Auxerre, venant d’Armorique. Les Armoricains se
sont révoltés contre le gouverneur Aetius, ont chassés
les fonctionnaires romains et se sont donnés un gouvernement
autonome. En représailles, Aetius abandonne le pays aux pillages
et aux cruautés des Alains.
Déjà,
les cavaliers bardés de fer encombraient toute la route.
Saint Germain se porte à leur rencontre et, à l’aide
d’un interprète, supplie le roi Goar d’épargner le
pays. Devant son refus, Saint Germain saisit la bride de son cheval
et arrête ainsi toute l’armée. Le roi Goar, stupéfait
par tant d’audace, est troublé par son inébranlable
résolution.
Puis ils s’entretiennent
sur un ton affable et Goar promet alors la paix à condition
que Saint Germain demande la grâce pour les Armoricains au
gouverneur Aetius ou à l’empereur Valentinien. Aussitôt,
Saint Germain se met en route pour l’Italie afin de rencontrer
le jeune Empereur Valentinien qui gouverne l’Empire Romain avec
sa mère l’Impératrice Placidia.
S’arrêtant de
nouveau chez son ami le prêtre Senator à Alésia,
il guérit une jeune fille muette dont il effleure la bouche,
le front et tout le visage avec de l’huile bénite. Il quitte
son ami en lui disant adieu, certain qu’il ne le reverra jamais
en ce monde. Vers Autun, il guérit une jeune fille dont les
doigts restaient repliés sur la paume de la main.
Alors qu’il traverse
les Alpes en compagnie d’un groupe de travailleurs immigrés
rentrant chez eux en Italie, Saint Germain voit l’un d’eux, âgé
et boiteux, qui ne parvient pas à traverser un torrent de
montagne. Sans dire qui il est, Saint Germain porte d’abord les
bagages de l’ouvrier puis l’ouvrier lui même de l’autre côté
du torrent.
Lorsque le petit groupe
arrive à Milan, c’est jour de fête. Beaucoup d’évêques
sont réunis là. Saint Germain entre incognito dans
l’église bondée et à ce moment un possédé
du démon se met aussitôt à crier :
« Germain, pourquoi
nous poursuis-tu en Italie ? Pourquoi parcours-tu ainsi
tous les pays ? Reposes-toi afin que nous puissions
être nous aussi en repos ! ». Tous reconnaissent
alors Saint Germain qui exorcise ensuite le possédé.
Il poursuit sa route
vers Ravenne lorsque les pauvres lui demandent l’aumône. Il
dit à son diacre de donner tout le contenu de leur bourse.
Celui-ci rechigne et lui rétorque : « Mais de quoi
allons-nous vivre aujourd’hui ?» « Dieu y pourvoira
» répond Saint Germain. Le diacre, en homme prévoyant,
donne deux pièces d’or et en garde une secrètement.
Ils sont alors rejoint par des cavaliers qui les supplient de faire
un détour pour aller chez Leporius dont toute la famille
est malade et implore la bénédiction du saint. Ils
s’y rendent. Les cavaliers leur offrent alors 200 sous d’or. Saint
Germain, se tournant vers son diacre, dit alors : « Prends
ce qu’on nous offre et reconnaît le tort que tu as causé
aux pauvres, car si tu leur avais donné les trois pièces,
celui qui nous récompense nous aurait aujourd’hui rendus
300 pièces». Saint Germain guérit en un
jour toute la maisonnée de Leporius, maître et serviteurs
confondus.
Le séjour à
Ravenne et la mort de Saint Germain
A
Ravenne, on attend Saint Germain avec impatience. L’évêque
Pierre et l’impératrice Placidia l’accueillent avec joie
et avec tous les honneurs. Un jour, alors que Saint Germain passe
au milieu de la foule sur une grande place, il entend une grande
clameur. Il demande ce que c’est. Ce sont des prisonniers injustement
retenus qui ont appris son passage et qui l’appellent à l’aide.
Saint Germain ne sait pas à qui s’adresser pour faire libérer
ces hommes. Il s’adresse alors à Dieu en se prosternant en
prières, face contre terre. Les serrures de la prison se
brisent, les prisonniers sortent et la foule les entoure et les
mène dans l’église avec une grande joie. Saint Germain
guérit beaucoup de malades à Ravenne. Constance dit
que le Christ augmentait encore la puissance qu’il lui avait
accordée.
Lorsque le fils d’un homme important du palais est sur le point
de mourrir de fièvre, la famille se tourne vers le Saint
qui se hâte au chevet du jeune homme. Hélas, il est
déjà mort. La foule insiste alors pour que Saint Germain
le ressuscite. Il résiste longtemps puis se laisse convaincre.
Il fait sortir la foule de la pièce et s’allonge contre le
mort en priant. Peu à peu celui-ci reprend vie.
Entretemps une nouvelle révolte éclate en Armorique,
réduisant à néant les efforts de médiation
de Saint Germain auprès de la cour impériale.
Saint Germain prédit sa mort prochaine. Il tombe malade et
demande à l’impératrice la faveur de voir son corps
ramené à Auxerre. La foule ne quitte pas son chevet,
priant et psalmodiant en choeur. Au septième jour de maladie,
Saint Germain rends son âme à Dieu. Nous sommes le
31 Juillet 448. Souverains et évêques se partagent
ses vêtements. Le corps est embaumé par application
d’aromates, l’impératrice l’habille. Lorsque ces préparatifs
sont terminés conformément aux rites, le voyage en
Gaule s’organise.
C’est une véritable procession qui part vers la Gaule. «
La multitude des flambeaux brillait », éclipsant le
soleil. Au fur et à mesure du chemin, des gens accourent
pour remettre en état la route ou les ponts, pour chanter
des psaumes ou porter le Saint un bout de chemin. Le cortège
arrive à Auxerre le 22 Septembre 448. L’enterrement a lieu
le 1er Octobre. Le voyageur infatiguable a enfin trouvé le
repos.
Saint Germain l’Auxerrois est indissociable de la région
où il est né, où il vécut et où
il repose maintenant. Beaucoup de paroisses de la région
sont placées sous son patronage. Les villages de Sainte Magnance,
de Sainte Pallaye et d’Escolives-Sainte Camille rappellent le souvenir
des femmes qui ont suivi son cortège de Ravenne à
Auxerre. Ce Saint du 4ème siècle nous enseigne encore
aujourd’hui la foi par son obéissance et sa confiance absolues.
Il agit non pour sa gloire personnelle, mais pour la gloire de Dieu.
Non pour son confort personnel, mais pour le soulagement des pauvres
et des souffrants. Constance de Lyon le dit très simplement
: « ...en guise de trésors inépuisables
il portait le Christ dans son coeur. » Puisse-t-il nous aider
à en faire autant, chacun à sa façon.
Saint Germain, prie Dieu pour
nous,
maintenant et à l’heure de notre mort.
Amen.
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